4 avril 1956
ça chie dans les Aurés. Les félouzes ont buté quinze arabes et y'a des flics et des bidasses qu'ont été blessés. Du coup, on quitte Alger, et nous voilà partis vers l'est en renfort. Je conduis un vieux GMC qui a du faire le débarquement en juin quarante-quatre et toute la fin de la guerre. Le moulin est agonisant, et fume comme une machine à vapeur au milieu des orangeraies dans le couchant. Le sergent Demez, qui est assis à mes côtés, me dit que je conduis comme un pied, avec son fort accent du sud-ouest. Quelques barrages ici et là, mais à part ça, pas grand monde rencontré, à part quelques chèvres et quelques ânes qui barrent le passage de temps en temps. Demez me dit qu'on va rouler toute la nuit. Je profite d'une pause pour écrire ces quelques lignes.