3 mai 1958

Dans l'après-midi, on m'appelle au parloir. C'est curieux, je devais voir personne. C'est une petite dame brune avec des poches sous les yeux. Sans la connaître, vu la ressemblance, je devine qu'il s'agit de la mère de Viault.  -Bonjour Monsieur. Je profite que vous êtes pas loin de chez moi pour venir vous voir. Je sais que vous êtes la dernière personne à avoir vu mon André.  ça fait deux ans... A l'armée, ils veulent juste me dire qu'il est déserteur, pas plus. Mais vous étiez avec lui...Je veux savoir! Il paraît que vous avez dit qu'il était mort... Dites-moi ce que vous savez! Alors, après avoir hésité, je lui raconte tout, dans les moindres détails... Elle est effondrée. Elle hurle de douleur. Les matons finissent par l'évacuer. J'ai vraiment pas à me plaindre. Viault, lui, n'a pas eu de procès. Encore moins d'appel...