Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'écrivain d'eau douce
25 avril 2010

7 avril 1956

On s'est regroupé avec les légionnaires dans la bergerie en attendant de nouveaux ordres du PC. On est tous sur le qui-vive. On fume clope sur clope. Ces horribles Goldos «troupes», avec des tâches jaunâtres sur le papier. Elles puent encore plus que les Goldos civiles, et y'a toujours un con pour en griller une le matin. Bayert a suivi les traces des mitrailleurs inconnus. D'après lui, ils nous ont suivi des hauteurs de la bergerie vers la crête en passant par un raccourci escarpé, et sont repartis vers le village des bergers, après nous avoir tiré dessus. Ils étaient trois tout au plus.                                                                   Polky décide d'une expédition punitive contre le village, sans attendre les ordres. Nous voici à grimper la côte en file indienne vers le village. Certains, Polky en  tête, tiennent leur baïonnette à la main, ce qui me laisse présager du pire. On arrive dans le village. En fait, c'est un petit hameau extrêmement misérable, aux rues de boue. Ici et là, quelques poules et autres chèvres broutent des ordures. Mais comme on le pensait sans le dire, les habitants se sont fait la malle en catastrophe. Il y' a encore des marmites sur le feu. Polky en profite pour prendre un tison et commence à foutre le feu à une baraque. -Faites en autant! Qu'il nous ordonne. On commence tous à en faire autant, quand tout à coup, l'un d'entre nous s'écrie qu'il a trouvé quelque chose d'intéressant. Il sort d'une maison avec une petite berbère. Elle est plutôt jolie, habillée de façon traditionnelle. Elle doit avoir dans les quatorze ans. Elle est terrorisée. Polky tente de l'interroger, mais la petiote ne parle pas un mot de français. -Tant pis, tu vas payer pour les autres! Il lui arrache ses fringues avec sa baïonnette, l'allonge par terre, et commence à la violer.   Même en baisant, Polky conserve son air timide et coincé du cul. Les sous-offs en font autant à leur tour, suivis des militaires du rang. La gamine terrifiée ne bronche pas. Mon tour arrive. Ce que je vois me dégoutte. Un mélange de sperme et de sang, au travers duquel j'ai beaucoup de mal à identifier un sexe féminin. Face à ce spectacle mon pénis reste en berne. Je le sens même se rétracter. Les autres, attendant leur tour, mugissent comme des bovins en rut: «Qu'est-ce t'attends, t'es impuissant?, T'es pédé?». La gamine, elle, n'est plus là. Son regard est vide. Le même regard que j'avais quand je me regardais dans la glace, après m'être fait enculer en prison. Comme on se ressemble, petite fille... Dans ses yeux, seule la lueur du brasier qui l'entoure vit encore. Que va t-elle devenir? Sa vie brisée à jamais, sans compter les siens qui la rejetteront comme une traînée. Je braque mon FSA vers son doux visage, je tire. Il n'en reste plus rien. Sa face ressemble à son sexe. Les autres sont effarés. Polky me hurle dessus, il me parle du tribunal militaire, ect. -Vous voulez me sanctionner pour quel motif ? Que je lui dis. -Avoir mis fin à un viol collectif, c'est ça? Où sont vos ordres? Qu'est-ce qu'on fait là?!? Polky me regarde bouche bée. Retour à la bergerie.                                                                                                                                                                                                               

Publicité
Publicité
Commentaires
L'écrivain d'eau douce
Publicité
Derniers commentaires
L'écrivain d'eau douce
Publicité